Oeuvre phare quoique négligée du grand corpus heideggerien
Qu'appelle-t-on penser ? est un cours que Heidegger dispensa dans les années cinquante, soit une bonne décennie après la fin de la seconde guerre mondiale.
Hannah Arendt y vit une importante clé de voûte dans l'oeuvre conséquente et riche de cet auteur-professeur-philosophe très controversé.
Contenant deux parties, la première partie s'attache à éclairer la pensée de Nietzsche, en particulier l'oeuvre Ainsi parlait Zarathoustra — Un livre qui est pour tous et qui n'est pour personne , et son cri:
« Le désert croît : malheur à celui qui qui abrite le désert ! »
; — Heidegger le précise, le désert dans le Sahara africain n'est qu'un type de désert.
Cette partie comporte une importante analyse du surhomme, déjà anticipée dans les années trente durant sa confrontation avec Nietzsche, ainsi que sa différence avec le dernier homme ; en réalité, le surhomme n'est pas un superman ou une extension de l'homme traditionnel mais simplement l'homme qui s'est affranchi de l'esprit de vengeance, « du ressentiment contre le temps et son « il était » », qui diminue tout, qui ne cherche qu'à punir et qui cligne de l'oeil au lieu de penser.
Mon propre travail en tant que penseur m'a mené à l'observation suivante : le surhomme est l'homme qui va au delà de l'animal raisonnable (du latin animal rationale), vers l'animal qui pense son habituation (voir En français 2: L'habitation et la maîtrise du monde).
La deuxième partie du cours consiste en une fastidieuse et pénétrante analyse d'un fragment de Parménide ; une connaissance de l'alphabet grec est ici préférable.
Il s'agit de savoir en quoi la vérité peut-t-elle se manifester dans l'ère de la technique moderne (y compris cette page internet).
Conclusion : c'est une oeuvre riche et pleine d'innocence et de subtilité qui dit la même la chose, plus ou moins, que Être et temps, mais en beaucoup moins de mots.
Recommandé à tous les amateurs de la pensée !